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'@@ -1,96 +1,203 @@ -{{Use mdy dates|date=May 2022}} -{{Short description|American musician}} -{{notability|date=March 2023}} -{{Infobox musical artist -| name = Gupi -| image = -| caption = -| birth_name = Spencer Hawk -| birth_date = {{birth date and age|1999|03|26}} -| birth_place = [[Encinitas, California]], U.S. -<!-- | father = [[Tony Hawk]] --> -| genre = {{hlist|[[Hyperpop]]|[[experimental pop]]}} -| occupations = Musician -| years_active = 2016–present -| label = Dog Show Records -| associated_acts = [[100 Gecs]], Fraxiom, [[A.&nbsp;G. Cook]], Food House -| website = {{url|https://gupi.info}} -}} + +Introduction +Présentation de l’objet d’étude + +« Le concept d’identité numérique contient à la fois une apparence, une appartenance, des affinités, un lien de cohésion et toute formes d’auto-compréhension et d’autoidentification qui ont pour objectif de se reconnaître et être reconnus »1. Dans notre société actuelle, la construction de l’identité numérique sur les réseaux sociaux est un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur. Les individus cherchent à se présenter en ligne de manière à refléter leur personnalité, leurs valeurs et leurs intérêts. Cette citation souligne l’importance du concept d’identité numérique qui comprend plusieurs éléments de fabrication et de sculpture identitaire. +En sociologie, le réseau social est généralement défini comme étant l’ensemble des individus ou des organisations, reliés par des liens créés lors d’interactions sociales.2 Par ailleurs, une évolution de la définition du réseau social est apparue à l’aune des technologies numériques. Généralement exprimés au pluriel, les réseaux sociaux sont des plateformes informatiques reposant sur le Web 2.0 mettant en contact des individus qui mettent en commun (« partagent ») leur vie quotidienne, des nouvelles, des opinions, des œuvres, etc.3 En effet, les réseaux sociaux offrent aux individus un espace où ils peuvent construire et affirmer leur identité numérique à travers des éléments tels que des publications, des commentaires, des photos, des vidéos, des likes, etc. De plus, l’identité numérique (IDN) est généralement définie comme un lien technologique entre une entité réelle (personne, organisme ou entreprise) et des entités virtuelles (sa ou ses représentations numériques). L’identité numérique est également l’ensemble des contributions d’une personne trouvables sur le Web et des traces la concernant.4 +Dans ce contexte, nous avons voulu mener notre enquête sur la construction de l’identité numérique sur les réseaux sociaux. En effet, cet objet d’étude nous permettra de mieux comprendre les processus d’auto-compréhension et d’autoidentification des individus à l’ère du numérique. De plus, il nous permettra de mieux évaluer les dynamiques sociales qui sous-tendent l’usage des réseaux sociaux et les fabrications d’identités numérique. L’objectif de cette enquête sera d’analyser les différents éléments qui composent l’identité numérique et de comprendre comment ils influencent les pratiques sociales sur les réseaux sociaux. Ainsi, notre objet d’étude se concentre sur l’analyse des processus par lesquels les individus créent, façonnent et présentent leur identité en ligne, en utilisant les plateformes de réseaux sociaux comme Facebook, Twitter, Instagram, LinkedIn et d’autres. Cette identité numérique peut inclure des informations telles que les préférences personnelles, les opinions, les comportements, les activités en lignes, les relations sociales, etc. +Présentation des enjeux de l’enquête + +Les enjeux d’une telle enquête sociologique sont nombreux. Tout d’abord, il s’agit de mieux comprendre comment les individus utilisent les réseaux sociaux pour construire leur identité numérique et comment cela affecte leur vie quotidienne. Cette étude peut aider à mieux comprendre les liens entre la vie en ligne et la vie hors ligne. +Ensuite, cette enquête peut permettre de mettre en lumière les mécanismes de construction identitaire et les facteurs qui influencent cette fabrication numérique. Elle peut aider à mieux comprendre les motivations des individus à travers les contenus qu’ils publient sur les réseaux sociaux. De fait, il s’agit de comprendre comment les individus perçoivent et gèrent leur identité en ligne, ainsi que les stratégies qu’ils utilisent pour la présenter de manière favorable. Cela peut inclure l’analyse des motivations qui sous-tendent la construction de l’identité numérique, ainsi que les implications de cette construction pour la vie privée, les relations sociales, les pratiques de consommation et les perspectives professionnelles. +L’enquête peut également aider à mettre en évidence les impacts de l’identité numérique sur l’habitus de l’individu. Il peut s’agir de comprendre comment les comportements en ligne influencent les comportements hors ligne, ou encore de comprendre comment les représentations et les stéréotypes véhiculés sur les plateformes affectent les attitudes et les comportements des individus. +En outre, l’enquête sociologique sur la construction de l’identité numérique peut permettre de mieux comprendre les processus de formation de communautés en ligne, les dynamiques de pouvoir qui régissent les interactions en ligne, et les implications de l’identité numérique pour les enjeux de diversité et d’inclusion. +Par ailleurs, cette enquête peut permettre de cerner les enjeux sociaux liés à l’utilisation des réseaux sociaux et de l’identité numérique. Elle peut aider à identifier les risques et les opportunités associés à l’utilisation de ces plateformes, ainsi que les enjeux liés à la protection de la vie privée et à la sécurité en ligne. +Enfin, cette enquête nous permettra de mieux comprendre les implications des technologies numériques pour les processus d’identification, de différenciation et de construction de soi, ainsi que les évolutions de la notion d’identité à l’ère du numérique. + +Problématique +Cadre conceptuel +Généalogies des réseaux sociaux + +Les origines de ce qu’on appelle aujourd’hui « réseaux sociaux », « web social » ou « médias sociaux » ne se limitent pas nécessairement aux origines de l’Internet. Pour commencer, nous allons traverser l’histoire de ces échanges qui prennent de l’importance dans l’espace public. Quand nous parlons de « réseau social », il faudrait dire en vérité « réseau social de l’internet », parce qu’il y a deux généalogies. L’une est liée au monde de l’internet, du web et des technologies numériques, dans lequel est apparu, à partir de 2004-2005, une transformation du blogging, qui va faire naître les réseaux sociaux de l’internet donnant lieu à toute une famille de plateformes. En France, par exemple, Sky Blog a été le réseau social de blogging qui a socialisé les jeunes générations à cette pratique. Mais d’un point de vue sociologique, il y’a une deuxième généalogie, d’où l’importance de préciser « de l’internet ». En effet, le réseau social n’est pas une nouveauté, c’est une chose presque consubstantielle à nos sociétés car c’est la forme d’organisation de la vie collective dans laquelle la question des échanges et des liens inter-individuels est au fondement de l’interaction et de la communauté. De fait, il y a toujours eu du réseau partout : réseau des anciens des grandes écoles, réseau familiale, réseau local, réseau institutionnel, etc. L’idée qu’il y ait des liens interpersonnels entre les gens a donné à la sociologie un travail sur la question du réseau social qui a toujours été très lié à la question de la sociabilité. Finalement, entre le réseau social de l’internet et le réseau social du sociologue, il y’a quelque chose qui est de l’ordre de l’interaction, de l’échange, du donner-recevoir-rendre, du calculer, de l’institutionnalisation de la relation et de la question de son authenticité. En effet, que ce soit dans le numérique ou dans le réel, il y a toujours l’idée que A connait B qui connait C, mais C connait-il A ? Ces questions assez typiques du réseau social vont alors se retrouver dans les analyses de l’internet. +Le sociologue Dominique Cardon explique de manière caricaturale que l’internet a été inventé par des « américains, blancs, hypers diplômés » dans les années 1970.5 Ensuite, le web s’est constitué dans les années 1990 avec une population très sélective portée par une idéologie participative, c’est-à-dire qu’on est pas simplement récepteur du contenu du message, on est aussi « intéractant » car on va aussi produire du contenu, écrire et lire : c’est le « lire-écrire ».6 Le fait d’accoler ces deux termes a été au cœur de la culture de l’internet des pionniers. De fait, le risque avec le développement d’internet et de ses usages, à partir du début des années 2000, était le clivage entre populations. En effet, les hommes blancs et diplômés étaient proches du monde de l’édition, de la culture, de l’information et continuaient d’écrire sur des Blogs ; mais les nouveaux publics, plus jeunes, plus populaires, plus divers socialement étaient, eux, des récepteurs, comme ils l’ont été dans toute l’histoire des médias. Dès lors, la grande force de la plasticité d’internet est qu’il a offert des outils qui permettaient d’écrire à la manière dont on écrit quand on a 13 ou 14 ans. Ainsi, les Blogs n’étaient plus soit très lettrés, imaginaires, intimistes soit très politique, d’actualité comme ceux des journalistes, mais sont devenu des Blogs pour dire tout et n’importe quoi, ce qu’on est en train de vivre et ce qu’on est en train de faire. Les jeunes générations utilisant de plus en plus massivement ces plateformes, cela a participé à une sorte de socialisation numérique des différentes sociétés et à la démocratisation des usages. Le projet initial de la communauté des pionniers d’internet s’est démocratisé grâce aux outils devenus accessibles et disponibles pour des populations qui n’avaient pas les compétences culturelles des créateurs du web. Ainsi, chaque pays a eu sa plateforme nationale dans lequel la jeunesse a joué le moteur des usages à travers un véritable désir de communiquer. En effet, ce sont dans les usages que les jeunes se sont caractérisés, ayant un objectif véritablement conversationnel de « j’envoie - tu renvois », du « chat » et de l’ « instant messaging » notamment grâce à la rapidité de développement des téléphones portables. + +Réseaux en « clair-obscur », curiosité et désir de pousser les murs + +Ensuite, ces lieux d’échanges définit par « réseau social de l’internet » peuvent s’identifier en différentes catégories, familles de plateformes. Même si certains projets technologiques visaient à tout unifier de sortes à fédérer les identités, cela n’a jamais fonctionné car chaque réseau répond à des préoccupations différentes. Ainsi, il existe des familles de réseaux sociaux. Les réseaux professionnels comme LinkedIn qui ont trouvé, pour les cadres et professions supérieures de la hiérarchie professionnelle, un usage et une utilité importante. Ensuite, il faut séparer deux grandes familles de réseaux sociaux qui sont liées au type de transformation que le réseau social a apporté à l’Internet et notamment à l’espace public. En effet, avant le numérique, nous avions un espace public structuré par les médias (radio, télévision, presse), et à côté un autre monde qui est celui de la conversation. Ces deux univers n’étaient pas accrochés l’un à l’autre : les médias nous délivraient de l’information ; la rencontre dans le réel avec nos paires nous amenait la conversation. Ce qui s’est joué dans les réseaux sociaux de l’internet, c’est justement cette articulation entre l’espace des producteurs professionnels de l’information et l’espace que tissent les internautes pour organiser leur vie relationnelle avec un certain nombre de gens et dans lequel ils vont utiliser, en partie, ce qu’ils ont lu, vu, écouté, sur l’internet à grande visibilité. +Quand on a ce modèle en tête, deux articulations sont possibles entre ces deux espaces créant deux grandes familles. La plus importante en volume, en interaction, en énergie et en enthousiasme est celle que Dominique Cardon appelle les « réseaux en clair-obscur »7. L’internaute se construit un réseau relationnel de gens qu’il connaît dans la vraie vie, puis il a la possibilité d’ajouter des gens qui connaissent des gens qu’il connait dans la vraie vie, ou des gens qui connaissent des gens qu’il aimerait connaitre dans la vraie vie ou dont il aimerait être connu. Ainsi, on étend son réseau relationnel à des gens que l’on ne connait pas forcément très bien mais on part de la réalité de nos sociabilités et de nos vies quotidiennes. Cela amène dans l’espace public quelque chose de nouveau avec pour centralité la sociabilité et la conversation. +La deuxième famille, qui se construit, elle, différemment dans l’articulation qu’elle fait entre l’espace public et l’espace des sociabilités conversationnelles, c’est la création de réseaux relationnels avec des gens que l’on ne connait pas forcément mais avec lesquels on va partager un centre d’intérêt commun. En effet, dans la vie de tous les jours, on côtoie et on vit avec des individus qui n’aiment pas forcément la même musique que nous, le même cinéma que nous, qui ne partagent pas les mêmes idées politiques que nous, etc. Mais sur Internet et sur des plateformes de réseau social, nous pouvons trouver des moyens d’échanger en identifiant des gens qui aimes la même musique, le même cinéma ou qui partagent les mêmes idées politiques. Ainsi, ce qui va être au cœur de l’articulation entre la vie du réseau social numérique et l’espace public, c’est le contenu. Nous allons échanger du contenu, de fait, toutes ces plateformes de vidéos, de photos, de textes ou de blogs, dans lesquelles on se déclare par son centre d’intérêt, sa passion ou sa pratique, vont devenir centrales. Ainsi, nous avons des plateformes plutôt orientées vers l’idée des grands réseaux entre inconnus autour de centres d’intérêt communs, et d’autres réseaux qui sont organisés autour de cette sociabilité de la conversation en « clair-obscur » comme Facebook ou Instagram. Dans les deux cas, il existe une dynamique qui est celle de la « curiosité », de l’envie de pousser les murs, d’élargir le cercle des individus qui nous ressemblent au-delà de notre cercle familial, amical ou professionnel. +Question de départ + +Notre questionnement vis-à-vis de la construction de l’identité numérique sur les réseaux sociaux part d’un premier questionnement axé sur la réalité virtuelle en général. En effet, lors de la recherche de notre objet d’étude, nous avions dans un premier temps choisi d’enquêter sur le métavers et les utilisateurs de mondes virtuels. Ensuite, nous avons finalement préféré se spécialiser sur les jeux vidéo (qui restent des mondes virtuels) et sur la relation entre les « gamers » et leurs avatars comme identité virtuelle. Notre questionnement de départ a ainsi toujours été centré sur cette ambigüité identitaire et sociale produite par l’émergence des technologies numériques. Au fur et à mesure de nos avancées dans le monde du jeu vidéo, nous avons compris la difficulté de s’ouvrir et de s’épanouir dans une enquête sur un domaine inconnu et éloigné de nous-même. En effet, au-delà des difficultés d’accès aux salles de gaming, nous n’étions pas sensibles aux jeux vidéo, et nous voulions nous épanouir dans notre recherche. Des lors, nous avons immédiatement réfléchi à une problématique intrinsèquement liée à notre génération et à cette ambiguïté identitaire et sociale qui nous intéressait tant : les réseaux sociaux. Notre question de départ partait alors de notre sens commun, d’un constat général à la suite de nos observations mutuelles : nos sociétés modernes sont frappées par l’image et la promotion de soi. Aussitôt, les plateformes sociales sont devenues notre terrain de recherche et d’observation, d’autant plus que nous pouvions nous observer nous-mêmes grâce à notre identité numérique. Par ailleurs, comme nous avions déjà étudié la notion d’identité pour notre sujet sur les avatars, nous pouvions désormais remplacer « avatars » par « profils de réseau social » sur cette question identitaire. +Issue du latin identitas ou idem signifiant « le même », l’identité désigne le caractère permanent et fondamental de quelqu'un, qui fait son individualité et sa singularité8. En psychologie, l’identité personnelle qui se construit sur la perception que l’on a de nous-même par distinction aux autres se distingue de l’identité culturelle qui correspond à l’ensemble des caractéristiques culturelles propres à un groupe ethnique. En sociologie, l’identité est généralement perçue comme un processus davantage dynamique que comme un caractère fixe fidèle à l’individu. Le concept d’identité évalué par une approche constructiviste suggère qu’un individu se construit au contact de son environnement familier. Ainsi, son identité s’affirme selon ses connaissances et ce qu’il perçoit du monde qui l’entoure. Ces données étant en constante évolution dans le temps, l’identité propre d’un individu seraient vouée à une forme d’évolution constante. Jean-Claude Kaufmann, issu du courant interactionniste symbolique, qualifie l’identité comme un processus, et non comme une substance : elle est sans cesse en construction.9 En effet, comme la perception du monde est subjective à chacun, l’interprétation des éléments sociaux l’est aussi, conférant à l’identité collective le moyen d’être entièrement appropriée par un individu et son identité individuelle. Parce que l’Autre procure à l’individu de nombreux questionnements identitaires, l’identité collective sert de ressources aux mutations de l’individu. Il y choisit les caractéristiques qu’il souhaite intégrer au sein de son identité individuelle, sous une forme « biographique » ou « immédiate ». Selon l'axe biographique, l'identité d'une personne est une définition de soi élaborée par l'individu lui-même. Elle constitue la formulation d'une histoire socialement construite, l'interprétation subjective d'un parcours, d'expériences passées et présentes.10 L’identité immédiate, elle, semble recourir à l’Ego grâce au médium de l’image et de l’imagination pouvant ouvrir sur une identité possible distincte de l’identité biographique présente. Kaufmann qualifie cette identité d’« ICO » (Immédiate, Contextualisée et Opératoire) car elle permet une projection de soi dans le futur, poussant ainsi à l’action dans la vie d’un individu. +Sur Internet, l'immédiateté devient alors essentielle et l'identité numérique doit être rapidement identifiable par les autres. Pour cela, les individus doivent avoir une image et un pseudonyme associés à leur présence dans ces mondes. L'individu est donc en constante auto-sélection de ce qu'il souhaite exposer de lui-même et de la manière dont il veut être perçu par les autres. Dans toute interaction, il s'auto-évalue pour conférer à lui-même et à l'autre une image valorisante de sa personnalité. Toutefois, les émotions sont intrinsèquement liées au contexte social dans lequel l'individu se construit, ce qui influence les informations qu'il choisit de divulguer. "S'inventer soi-même ne s'invente pas"»11. +Finalement, l’approche constructiviste de l’identité nous éclaire quant au caractère mutant et en perpétuelle évolution du processus identitaire. L’identité individuelle qui se construit à partir de l’identité collective à le pouvoir de s’exprimer de façon immédiate, à travers la mise en scène valorisatrice qu’un individu opère sur ses propres représentations. L’observation des identités numériques dits « profils », de leur construction et de leur utilisation au sein des différents réseaux sociaux nous permettra une étude ciblée de ces processus identitaires. +Problématique retenue + +Notre question de départ étant bel et bien établie, il fallait désormais la traduire en une question qui pose question, faire émerger un débat, une controverse, un problème. Mais comment mettre en énigme ce qui nous parait normal dans nos utilisations de tous les jours ? Cyril Lemieux répond à cette question dans une recette en 4 étapes : « 1/ s’emparer d’une croyance partagée ou d’un constat reconnu relatifs à l’objet qu’on entend étudier ; 2/ en tirer une série d’inférences logiques ou d’énoncés prédictifs ; 3/ faire apparaître un ou plusieurs éléments empiriques qui contredisent les inférences logiques ou les prédictions qu’on vient de tirer ; 4/ se demander comment, si les croyances partagées ou les constats reconnus relatifs à l’objet sont vrais, ces éléments empiriques peuvent exister. »12 Ainsi, on nous dit que : 1/ les réseaux sociaux sont devenus une plateforme courante pour la construction de l’identité numérique. Les utilisateurs créent des profils en ligne qui reflètent leur personnalité, leurs intérêts, leurs croyances et leurs relations sociales. Ils partagent également des contenus qui renforcent ou remettent en question leur identité. 2/ Etant donné que les utilisateurs ont le contrôle de leur propre construction d’identité numérique, on pourrait prévoir que cette construction est une expression authentique de leur personnalité et qu’elle reflète leur habitus. On pourrait également inférer que la construction de l’identité numérique sur les réseaux sociaux contribue à renforcer les liens sociaux en ligne, à accroître la confiance en soi et à faciliter les interactions sociales. 3/ Toutefois, certains éléments empiriques contredisent ces inférences logiques. Par exemple, des études ont montré que les utilisateurs peuvent créer une identité numérique en ligne qui diffère de leur identité réelle, ce qui remet en question l’authenticité de la construction de l’identité numérique. De plus, certaines personnes peuvent créer des identités numériques qui ne reflètent pas leur habitus, mais plutôt une image idéalisée d’eux-mêmes, ce qui remet en question la relation entre l’identité numérique et l’identité ou habitus réel. 4/ En conséquence, on pourrait se demander comment, si la construction de l’identité numérique devrait être une prolongation de nous-même, ces éléments empiriques contradictoires peuvent exister. Comment peut-on expliquer l’écart entre l’identité numérique et l’identité réelle des utilisateurs ? Cette enquête suggère que la relation entre ces deux identités n’est pas aussi simple que ce qui est généralement admis, et qu’elle peut être influencée par de nombreux facteurs complexes, tels que les attentes sociales, les normes culturelles, la pression des pairs et l’influence de la publicité en ligne. +Ainsi, lors de notre phase de pré-terrain, plusieurs points de rupture avec le sens commun de notre objet d’étude et avec nos présupposés, sont apparus. D’autres « points d’étonnements » ou points de tension ont émerger de nos conversations tels que : +Authenticité versus représentation : Dans quelle mesure l’image que l’on construit de soi en ligne est-elle authentique ou simplement une représentation de soi ? +Vie privée versus exposition : Pourquoi ce désir d’exposer notre vie privée et dans quelles limites le faisons-nous ? +Contrôle de soi versus contrôle social : Dans quelle mesure les individus peuvent-être incités à présenter une image plus attrayante d’eux-mêmes afin d’obtenir plus de validation sociale, alors même qu’ils peuvent contrôler l’image qu’ils présentent en ligne ? +Pertinence des suggestions versus manipulation algorithmique : Dans quelle mesure l’utilisation des données sur l’identité numérique des individus par les algorithmes et le ciblage influence-t-il vraiment son habitus ? +A partir de ces nombreux questionnements, il nous a semblé judicieux de retenir la problématique suivante : Comment l’individu construit-il son identité numérique sur les réseaux sociaux et dans quelle mesure celle-ci influence-t-elle son habitus ? +Hypothèses + +« Les hypothèses sont donc des propositions de réponses aux questions posées dans la mise en problème »13. A partir de nos données de pré-terrains et de ressources littéraires, nous avons émis plusieurs hypothèses quant à notre problématique. + +Hypothèse 1 : L’habitus influence la façon dont les individus utilisent les réseaux sociaux +Dans l’ouvrage « Sociologie du numérique » de Dominique Boullier, le sociologue s’appuie sur la notion d'habitus, concept de Pierre Bourdieu, qui renvoie à la manière dont les individus intègrent et reproduisent les normes et les valeurs de leur environnement social. Nous postulons que l'habitus influe sur les types de contenus publiés et partagés, les relations établies, les personnes suivies, etc. Par exemple, selon Boullier, les individus ayant un habitus compétitif peuvent être plus enclins à publier du contenu pour obtenir des likes et des commentaires, tandis que ceux ayant un habitus plus réflexif peuvent être plus enclins à partager des idées et des opinions. Dominique Cardon souligne que les inégalités socio-culturelles jouent un rôle important dans la création de cette distance à soi nécessaire pour projeter des messages qui apportent reconnaissance et visibilité sur les réseaux sociaux. Pour Cardon, cette distance constitue l'essence même de la créativité, c'est-à-dire la capacité à produire son image dans un format qui résonne avec des cadres culturels globaux et devient ainsi visible et perceptible. Les "visibles" sur les réseaux sociaux utilisent toute une gamme de procédures, de ressources et de "cadres culturels" partagés pour façonner leur identité en ligne. Ainsi, la réussite de la visibilité sur les réseaux sociaux est un ressort social important qui n'est pas à la portée de tous. En outre, la construction de l'identité en ligne implique des signaux choisis avec soin. On ne montre pas n'importe quoi sur les réseaux sociaux, et la tristesse est rarement exposée. Il faut être imaginatif et trouver une manière de se montrer aux autres qui peut susciter une viralité. La culture de la viralité met en place des protocoles qui circulent et dont il faut se saisir pour devenir visible. Par exemple, les codes de l'humour internet tels que les "mèmes" ou les montages vidéo à partir d'événements communs à tous font partie des protocoles actuels visibles sur les réseaux sociaux. + +Hypothèse 2 : L'utilisation des réseaux sociaux peut amener à des remises en question identitaires. +Nous supposons que les réseaux sociaux peuvent influencer l'habitus des individus en exposant les utilisateurs à des normes et des valeurs qui peuvent influencer leur comportement en ligne et hors ligne. Les sphères publiques et privées se chevauchent sur ces plateformes, ce qui pose un risque de révélation involontaire d'informations personnelles. Cependant, il existe une forme d'auto-organisation où les espaces restent relativement isolés, comme les groupes "clairs-obscurs" qui ont des conversations limitées à un cercle restreint d'amis. Certains utilisateurs ont plusieurs comptes sur plusieurs plateformes, ce qui soulève des questions sur la manière dont ils interconnectent ces comptes et sur leur façonnage de leur identité en ligne. En fin de compte, les pratiques sur les réseaux sociaux façonnent la manière dont les individus construisent, stratégisent et sculptent leur identité. + +Hypothèse 3 : L’alimentation de l’identité numérique s’explique par un besoin de reconnaissance et de validation sociale. +Les réseaux sociaux ont pour objectif de fabriquer et faire reconnaître une identité, qui est validée par les interactions telles que les likes et les commentaires. L'individu cherche une reconnaissance spécifique selon le type d'activité qu'il publie, que ce soit dans l'univers de l'intimité, de la famille et des amis, de l'univers professionnel ou de l'espace public des opinions. Les réseaux sociaux produisent donc des individus aux facettes multiples qui attendent des signaux de validation de leur public. + +Hypothèse 4 : La recherche de « singularité » et d’authenticité devient plus importante que la multiplication des interactions. +La problématique identitaire est essentielle dans les dynamiques de singularisation qui ont émergé dans les années 1970. Internet a offert un outil encourageant ces dynamiques en permettant aux individus de se fabriquer une identité singulière à travers des signaux tels que des photos, des récits de vacances, etc. Cette identité numérique est une projection de l'identité réelle et est en constante réflexion entre l'identité attestée par les plus proches et l'identité que l'individu aimerait faire valider par les autres. Nous sommes conscients que la plupart des identités numériques se jouent de façon douce et tranquille, sans une compétition effrénée de visibilité ou de calcul. Néanmoins, il y a un lien étroit entre l'identité et la recherche de singularité, les deux jouent ensemble. + +Hypothèse 5 : A travers l’interaction, les individus usent de sélection, de calcul et de stratégie pour rendre leur identité numérique plus « visible » +Selon Dominique Boullier, l'identité numérique se construit à travers les échanges en ligne, les choix de présentation de soi et les interactions avec les autres utilisateurs. L'interactionnisme symbolique considère que l'identité est le produit des interactions sociales. Ainsi, nous sommes toujours construits par le regard des autres et l'interaction. Sur les réseaux sociaux, nous sommes soi-même mais théâtralisé, et nous allons sélectionner des traits de notre personnalité et de notre vie que nous aimons faire valider par les autres. Nous sélectionnons des traits qui participent à la construction de notre identité numérique, ayant des effets sociologiques et psychologiques sur nos sociétés. + +Hypothèses 6 : Les algorithmes impactent la construction et les répercussions de l’identité numérique sur l’individu +Enfin, il mobilise la théorie de la gouvernance algorithmique pour analyser l'impact des algorithmes sur la construction de l'identité numérique. Nous supposons que les algorithmes influencent la visibilité, la présentation et la diffusion des contenus en ligne, et peuvent donc avoir un impact sur la manière dont l'identité numérique est perçue par les autres utilisateurs et les plateformes. Nous supposons également que les algorithmes jouent sur les perceptions, la vision du monde, et les comportements des individus. +Axes de recherche + +Par quels procédés l’individu construit-il son identité numérique ? +L'identité déclarative + +L'identité agissante + +L'identité calculée + +Dans quelle mesure l’identité numérique désormais construite peut-elle influencer l’habitus de l’individu ? +Besoin de validation sociale : influence sur les comportements en ligne +Répercussions de l’identité numérique : influence sur les comportements hors-ligne +Vie privée et gestion de données + + + + + +Méthodologie + +Etudiant en deuxième année de sciences sociales à l'Institut Catholique de Paris, nous avons pour ce dossier endossé la casquette d'étudiants chercheurs. Nous sommes tous les trois âgés de 19 ou 20 ans. Notre âge correspond parfaitement à la tranche d'âge que nous souhaitons étudier, ce qui, comme nous le verrons par la suite, facilite notre collecte de données. Nous sommes tous les trois des utilisateurs quotidiens des réseaux sociaux, ce qui nous permet une compréhension simplifiée du terrain étant donné que nous sommes nous-mêmes en contact avec lui. +Les réseaux sociaux représentent donc notre terrain d'étude. Bien que nous les connaissions très bien, il est important de les étudier cette fois-ci avec un regard de chercheur et non plus d'utilisateur. C'est une étape très importante de l'enquête à ne surtout pas négliger. Le piège serait de considérer que nous savons déjà tout du terrain et de commencer nos questionnaires et entretiens avec des préconceptions. Cette étude préliminaire nous a permis de mieux cerner les questions et les problématiques à aborder lors de l'entretien. Elle a également permis de formuler des hypothèses et de définir des axes de recherche pertinents pour mieux comprendre les mécanismes de la construction de l'identité numérique chez les jeunes sur les réseaux sociaux. +Grâce à cette étude de terrain approfondie, la grille de questions pour l'entretien ainsi que le questionnaire ont été élaborés de manière à être les plus pertinents possible et à permettre une compréhension fine des pratiques et des enjeux liés à la construction de l'identité numérique chez les jeunes sur les réseaux sociaux. +Avant tout travail sur le questionnaire ainsi que la grille d’entretien, il nous a semblé primordial de nous interroger sur l'éthique. Qu'est-ce que l'éthique dans le cadre des sciences sociales ? Nous ne pouvions pas nous lancer dans une telle étude sans avoir une parfaite connaissance de celle-ci. Voici donc une définition proposée par le Fonds québécois de recherche sur la société et la culture : « L'éthique se définit comme une démarche rigoureuse de réflexion sur l'action humaine, ayant pour but de susciter une interrogation sur la finalité des gestes, sur les raisons et les valeurs qui en motivent les choix et sur leurs conséquences prévisibles, de manière à orienter des décisions qui soient respectueuses de la dignité humaine » 14 (FQRSC, 2002). En d'autres termes, l'éthique est une approche rigoureuse qui cherche à prendre en compte les implications morales et sociales de nos actions, en vue d'adopter des comportements respectueux des droits et des valeurs humaines. Cette démarche est particulièrement importante dans le cadre de la recherche scientifique, où il est essentiel de respecter les normes éthiques pour garantir la protection et le bien-être des participants, ainsi que la validité et la crédibilité des résultats obtenus. Il était également important de se renseigner sur les éventuelles interdictions en matière de législation relative à la France. « En France, seule la recherche biomédicale est soumise à l'approbation des Comités de Protection des Personnes (CPP). En pratique, donc, la recherche en sciences sociales, qu'elle se passe en ligne ou hors ligne, ne fait toujours pas l'objet d'un encadrement formel dans l'Hexagone »15. Une fois toutes ces recherches effectuées, nous étions dans des dispositions optimales pour la réalisation de notre questionnaire et de notre grille de questions. +Dans un contexte d'étude de l'identité numérique, il était naturel pour nous de récolter nos données numériquement. Le questionnaire en ligne consultable via téléphone (et ordinateur également, mais moins pratique) est alors apparu comme la première idée. Mais il fallait que ce dernier soit pertinent et exploitable. Il ne fallait pas s'éparpiller et rester concentré sur la notion d'identité numérique. Il a donc fallu nous renseigner sur la façon de construire notre questionnaire. Pour cela, l'ouvrage « Le questionnaire » de François de Singly a été une bonne source pour nous aider. Cet ouvrage aborde les différents types de données récoltables, leur importance et comment les interpréter une fois celles-ci récoltées. Nous avons alors pensé et écrit une batterie de questions pour n'en sélectionner que 17, divisées en 3 parties : « Votre profil », « La construction de votre identité numérique » et « Le lien entre votre identité en ligne et votre identité hors-ligne ». Le fait de diviser le questionnaire en 3 parties est un choix qui nous permet de bien définir quelle notion nous avons voulu analyser avec quelle question, mais il a également un intérêt vis-à-vis de la personne qui remplit le questionnaire. Chaque partie est accompagnée d'un petit texte permettant d'introduire les questions qui suivent. La première partie est accompagnée du texte suivant : "Il est toujours intéressant d'en connaître un peu plus sur vous pour nous aider dans notre recherche". La deuxième partie est accompagnée du texte suivant : "L'identité numérique se construit à travers les échanges en ligne, les choix de présentation de soi, les commentaires et les interactions avec les autres utilisateurs". Enfin, la troisième et dernière partie est accompagnée du texte suivant : "L'utilisation des réseaux sociaux peut contribuer à la formation de l'habitus des individus, en exposant les utilisateurs à des normes et des valeurs qui peuvent influencer leur comportement en ligne et hors ligne". L'ordre des questions n'a pas été choisi au hasard non plus. Nous souhaitions avoir une cohérence entre ce questionnaire et les entretiens réalisés sur lesquels nous reviendrons plus tard. +La rédaction des questions a été étonnamment complexe à rédiger. Non pas que nous ne trouvions pas d’inspiration pour rédiger celles-ci, mais parce que nous ne souhaitions pas poser des questions qui n’apportent rien à l’enquête. Chaque question est une donnée qui apporte des informations à notre étude. Nous ne voulions pas non plus faire des questions qui orienteraient la réponse de la personne en train de répondre. Aucun jugement ne devait se faire ressentir lors de la lecture des questions. François de Singly recommande de privilégier les questions de fait. « La différence entre une question de fait et une question d’opinion se devine aisément. La question de fait tente de cerner une dimension de la pratique, et la question d’opinion demande un jugement sur cette pratique, ou même sur une idée en général16 ». Notre objectif était de pouvoir inclure un maximum de personnes. C’est pourquoi nous avons fait le choix du genre lors de la question « Êtes-vous… ? » (avec pour réponses « Homme », « Femme », « Non Binaire », « Genderfluid » et « Autre »). Nous pensons en effet que la question du « Sexe » n’est pas pertinente et même embarrassante pour certaines personnes. Afin d'avoir un spectre de réponses le plus précis possible, nous avons fait le choix de proposer un nombre de réponses important dans nos questions (quand cela était pertinent). « Les questions ouvertes présentent bien des avantages : tout d’abord le fait de privilégier les catégories dans lesquelles les individus perçoivent le monde social, plutôt que de les imposer par les modalités des réponses fermées » 17 (François de Singly). Nous sommes parfaitement conscients que nous ne pouvons pas proposer des réponses universelles qui correspondraient aux pensées de tous. C’est pourquoi nous avons laissé la possibilité aux personnes sondées de rédiger eux-mêmes leur réponse quand celles proposées ne leur correspondaient pas, une partie du questionnaire est donc auto-administrée. Nous avons ainsi pu recueillir un grand nombre de réponses dont nous étions quasi certains qu'elles étaient la retranscription la plus fidèle possible de la pensée des personnes répondant au questionnaire. Le célèbre sociologue français Pierre Bourdieu avait un avis bien tranché sur les questionnaires et plus particulièrement ceux qui imposent une certaine réflexion. Pour ce dernier, on ne peut pas interroger quelqu’un sur un sujet et savoir si ce dernier a réellement une opinion. Comment devrions-nous avoir une opinion sur absolument tous les sujets de la société ? Ce n’est pas possible et c’est pourquoi certaines personnes lancent des réponses faussées lors d’entretiens ou de réponses à un questionnaire, faute de pouvoir répondre « Je ne sais pas ». Nous n’avons pas souhaité suivre la même direction que toutes ces entretiens et questionnaires. Le fait de laisser la possibilité de dire que nous n’avons pas d’avis ou que nous ne savons pas a donc été primordial +"L’anonymat n’a jamais été remis en question dans l’élaboration de ce questionnaire. Le fait de connaître l’identité de la personne qui remplit le questionnaire n’apporte rien à l’enquête et peut même la desservir car cela peut faire « fuir » les personnes qui étaient enclines à répondre. Sur un sujet tel que la protection des données, entre autres, nous avons jugé qu'il était préférable de laisser un total anonymat. +Nous avons utilisé « Google Form » comme plateforme de collecte de données. Cette plateforme est un choix pertinent pour notre questionnaire car elle présente de nombreux avantages. Tout d'abord, elle est facile à utiliser et à personnaliser selon nos besoins. De plus, les réponses sont automatiquement enregistrées dans une feuille de calcul Google, ce qui facilite la collecte et l'analyse des données. Enfin, il est possible de partager facilement le questionnaire avec un grand nombre de personnes via un lien ou un e-mail. En somme, Google Form offre une solution pratique et efficace pour la collecte de données en ligne." +La diffusion de ce questionnaire a aussi été le fruit d’une réflexion. Nous devions trouver un endroit pour partager celui-ci tout en donnant envie aux gens de répondre volontairement. Nous faisons partie d’une promotion d’à peu près 250 personnes, réunie sur un canal de messagerie en ligne (WhatsApp). Nous avons donc décidé de faire appel à la volonté des étudiants de notre promotion, qui représente par ailleurs parfaitement notre cœur de cible. Les résultats de cette manipulation n'étaient pas satisfaisants dès le premier essai, c’est pourquoi nous avons réitéré à plusieurs reprises (3 reprises). Pour nous assurer un nombre de réponses satisfaisant en quantité pour espérer pouvoir tenter de dégager des hypothèses, nous avons décidé de partager notre questionnaire ailleurs. « Quel endroit serait le plus approprié pour ce genre de contenu ? », nous sommes-nous demandé. Si nous souhaitons attirer les jeunes utilisateurs de réseaux sociaux, rien de plus efficace que d’aller les chercher sur le terrain que nous souhaitons étudier. La story Instagram est un puissant outil pour partager du contenu facilement, rapidement et à un grand nombre de personnes en simultané. La possibilité de pouvoir ajouter un lien dont le suivi s’assure par un simple clic sur celui-ci permet une redirection ultra rapide à notre questionnaire. Ainsi, en à peine 3 à 4 minutes, la personne a le temps d’ouvrir la story, de se diriger vers le lien et de répondre entièrement aux questionnaires. Cette méthode s’avère être la plus efficace dans notre étude. +Nous avons estimé qu’une centaine de réponses seraient nécessaires pour pouvoir fournir un questionnaire sérieux et complet. Nous avons réussi à atteindre cet objectif (à la suite de la publication du questionnaire sur Instagram). Avoir une centaine de réponses nous permettait de dégager une réelle dynamique comme nous le verrons dans la partie d’analyse des résultats. +« Tout entretien est d’une richesse sans fond et d’une complexité infinie, dont il est strictement impensable de pouvoir rendre compte totalement ».18 +Les entretiens représentent un tout autre exercice à mettre en place que le questionnaire. « Il est assez fréquent qu’ils se limitent à être un instrument complémentaire : entretiens exploratoires permettant de lancer et de cadrer une enquête ; entretiens d’illustration pour donner de la vie à des démonstrations trop sèches ; entretiens croisés avec d’autres méthodes, notamment statistiques » (Battagliola, Bertaux-Wiame, Ferrand, Imbert, 1993)19. Dans notre cas, les entretiens représentent un instrument croisé. Nous avons choisi d’interroger de jeunes personnes d’âges différents. Une grande préparation s’est imposée avant de nous rendre respectivement à nos entretiens. Nous devions déjà construire méthodiquement celle-ci. Il n’était pas question d’y aller la fleur au fusil et de perdre le fil rouge. Nous avons donc préparé une grille de questions structurées en partie afin de mener le même entretien semi-directif pour les 3 personnes que nous avons interrogées. Nous ne nous sommes pas fixés de limite de temps. Néanmoins, on a pu observer que chaque entretien durait en moyenne entre 40 et 50 minutes. Nous avons fait le choix d'enregistrer chaque entretien, en demandant au préalable l'accord de la personne. Les conditions d'entretien ont différé en fonction des personnes interrogées. L'un des entretiens s'est déroulé autour d'un déjeuner, tandis que les deux autres ont eu lieu en face à face. Néanmoins, toutes les questions posées l'ont été dans le même ordre et formulées avec les mêmes mots. Avant de mener à bien nos entretiens, nous avons également mené un travail d'introspection. L'exercice qui semble d'une simplicité enfantine est en réalité bien plus complexe qu'il ne paraît. « Comme l’entretien se déroule à un moment précis et à un endroit précis, l’expérience de la personne peut largement dépasser son discours.20 Il importe alors de ne pas « réifier et [se] camper de façon définitive dans le portrait donné de sa réalité au cours de l’entrevue».21 ». Il faut réussir à garder une certaine distance vis-à-vis de l’interviewé et ne pas prendre tout ce qu’il dit (via sa linguistique mais aussi son langage corporel) pour informations incontestables. +L'entretien suit ainsi un plan que voici : +"Introduction" : Commencer l'entretien en parlant de la personne et de sa vie permet d'instaurer un climat calme et de confiance. +"Construction de l'identité numérique" : Cette partie nous a permis d'en savoir plus sur l'usage (ou le non-usage) fait des réseaux sociaux par les personnes interviewées. +"Répercussions de l'identité numérique" : Nous avons ici demandé si l'usage des réseaux sociaux avait un impact sur la vie dite "réelle" des interviewés. +"Protection de la vie privée" : L'enjeu de cette partie est de savoir à quel point la protection de la vie et des données privées des interviewés les préoccupe. + Et enfin la partie "Conclusion" qui vient clore l'entretien avec une ouverture possible où nous demandons à la personne interviewée si elle souhaite ajouter quelque chose ou si elle trouve qu'il manque des questions pertinentes à notre sujet. Il est important de garder à l'esprit que la personne qui passe l'entretien peut être une source d'information et il n'est donc pas négligeable d'offrir un moment de parole libre à l'interviewé. +Ainsi, en suivant ce plan et les questions qui y sont rattachées, un déliement de la parole s'est fait sentir, ce qui a permis un véritable dialogue sur le sujet. Nous n'étions pas seulement ici dans le seul but de mener une interview avec une série de questions millimétrées, mais plutôt pour avoir une conversation orientée sur le sujet de l'identité numérique. +Les entretiens nous ont offert des données qualitatives qu'aucun questionnaire n'aurait pu nous donner. L'entretien a cette force que n'a pas le questionnaire : on en apprend beaucoup, voire énormément, sur les individus. Comme il a été mentionné, tous les enregistrements ont été enregistrés. Pour l'un des entretiens, au moment d'envoyer les résultats au groupe et donc de leur faire parvenir le fichier contenant l'enregistrement vocal de l'intégralité de l'entretien, la personne interviewée me demande si je peux garder privé l'enregistrement, car des informations personnelles sur sa vie s'y trouvent (nous avons convenu au préalable qu'à la fin de chaque entretien, nous demanderions aux interviewés s'ils nous autorisent à transmettre l'enregistrement au groupe de travail). Cette situation montre à quel point nous possédons des données précieuses que seules les entretiens permettent de recueillir. Dans ce cas-là, une partie de l'entretien n'a donc pas été retranscrite sur demande de l'interviewé. +Nous n'aurions en aucun cas pu nous passer du fait d'avoir deux sources de collecte de données. Suivre un plan lors d'un entretien peut aider à inscrire un climat de confiance et permettre un véritable dialogue sur le sujet de l'identité numérique. Les entretiens nous offrent des données qualitatives précieuses et une compréhension approfondie des individus, que les questionnaires ne pourraient jamais nous donner. C'est pourquoi il est important de garder en tête la confidentialité des données recueillies et de respecter la vie privée des personnes interrogées. En combinant les résultats des entretiens avec le questionnaire, nous pouvons obtenir une image plus complète et précise des enjeux liés à l'identité numérique. +Analyse par axe de recherche : +Réponses aux hypothèses – Résultats du travail empirique avec confrontation au cadre théorie retenu. + +Pour des raisons d’anonymat, les prénoms des interviewés ont été modifiés. Ainsi nous retrouvons Clara (16 ans, lycéenne), Paul (20, étudiant et mannequin), Thomas (26 ans, étudiant et artiste) + +Par quels procédés l’individu construit-il son identité numérique ?  + +La construction de l'identité numérique est un processus complexe qui implique l'utilisation de différents procédés. Selon Fanny Georges (2010), l'identité numérique est composée de trois dimensions : l'identité déclarative, l'identité agissante et l'identité calculée22. Centrée sur la notion de l'autoprésentation en ligne et les stratégies que les individus utilisent pour gérer leur image en ligne, la théorie des trois composantes de Fanny Georges sera le fil conducteur de notre première partie. + +L'identité déclarative + +L'identité déclarative correspond aux informations que l'individu décide de partager publiquement sur son profil ou sa page personnelle, comme son nom, sa photo, son âge, sa profession, etc. Les résultats de l'étude menée auprès de 102 participants montrent que la majorité d'entre eux ont rempli consciencieusement les champs obligatoires de leur profil et ont fourni des informations détaillées sur eux-mêmes. En effet, 40,2% des répondants expliquent utiliser leur nom réel sur les réseaux sociaux (cf graphique 1). + +Paul en parlant de sa biographie : Il fallait que ça me décrive. Alors j’ai mis mon prénom les agences dans lesquelles je suis signées (L’interviewé est mannequin) accompagné d’un drapeau français pour être identifié comme tel à l’international. +Cependant, certains ont également choisi de ne pas partager certaines informations, ou ont décidé de les masquer ou de les limiter à un cercle restreint de contacts. Par exemple, 13,7% utilisent un pseudo. +Thomas : Ouais, heuu moi la bio elle est vraiment heuu je veux faire une blague, j’men bats un peu les couilles… +Ceci montre que les individus ont une certaine maîtrise sur les informations qu'ils décident de partager publiquement et sur celles qu'ils gardent pour eux.  +L'identité agissante + +L'identité agissante correspond aux actions que l'individu effectue sur les réseaux sociaux, comme les commentaires, les publications, les partages, les likes, etc. Toutes ces actions contribuent à la construction d'une image de soi sur les réseaux sociaux, qui peut être perçue par les autres utilisateurs. En d'autres termes, il s'agit de l'image que l'on renvoie de soi à travers ses actions en ligne. + +Pour comprendre cette façade de l’identité il est important de savoir à quelle fréquence les individus utilisent les réseaux (cf graphique 2). + +Paul : Story : une fois par jour ou tous les deux jours. Post Instagram : une fois par mois. + +Puis nous avons poursuivi notre étude empirique en demandant aux participants de décrire le contenu qu’ils publient le plus souvent et comment ils le choisissent. +Les résultats de notre questionnaire ont montré que 42,2% des participants publient des photos d'eux-mêmes sur les réseaux sociaux, tandis que 51% publient des photos d'autres personnes (cf graphique 3). De plus, 89,2% des participants ont déclaré publier du contenu en fonction de leurs centres d'intérêts (cf graphique 4). Ces résultats montrent que les individus utilisent divers procédés pour construire leur identité agissante, tels que la publication de photos ou de contenus qui reflètent leur personnalité et leurs centres d'intérêts. +Clara : Dès que j’aime une photo je la poste. Actualités, post insta, vacances, story de mes sorties… + +Paul : Je partage vraiment ce que je veux mais certains contenus reviennent plus souvent que d'autres. J’aime bien mettre des photos de mes amis quand je suis avec eux et aussi juste des photos de moi. Parfois je juge que certaines photos sont cools mais j’ai pas envie de les partager à tous, donc je les mets en story privée. +Cependant, cela peut également être influencé par les normes en ligne et les pressions sociales, comme le montre le fait que certains participants publient des photos d'autres personnes plutôt que d'eux-mêmes. Ou que d’autres personnes changent d’identité numérique entre LinkedIn et Instagram par exemple. 73,7% indiquent établir un profil plus professionnel et plus sérieux sur LinkedIn que sur Instagram. +Thomas : du coup pour tout ce qui est heu réseaux de messagerie direct privé, donc Messenger, WhatsApp, DM (Demande Message) insta, et Discord, je suis assez actif. Et heuu par contre côté public, en gros moi ça dépend très fort du réseau, heu par exemple je suis… dans l’ensemble je suis peu actif, je suis surtout dans le like et regarder des trucs. Genre sur Twitter, je passe essentiellement mon temps à regarder, très peu à poster. Donc voilà, réception passive sans beaucoup d’interaction. Heuuu, mais ça dépend assez fort, par exemple, sur Instagram, j’vais avoir un truc où j’fais assez peu de publication, même mes stories vont être un peu… pas forcément soignées mais en tout cas, quand j’en fais j’essaye de faire en sorte qu’elles soient un peu cool parce que je sais que j’ai beaucoup de gens qui me suivent de… genre parce que c’est un peu le réseau que les gens utilisent pour garder contact avec moi, donc c’est un peu une espèce de… c’est un peu ma face publique. Tweeter, c’est vraiment l’inverse dans le sens où j’ai genre 20 followers max, j’men bats complètement les couilles (rire), ça fait genre 5 tweets que personne n'a réagit à un seul d’entre eux, et j’espère bientôt parvenir à 6 ou 7. Euh vraiment aucun like, aucun retweet, et donc du coup je m’exprime de manière hyper différente et je poste, ça dép… c’est par vagues quoi. Y’a 2 semaines, où je sais pas pourquoi je me dirais « là je vais mettre pleins de trucs sur Twitter », et d’autres rien du tout pendant des mois heuu, c’est assez variable. Mais disons que ça dépend assez fort de l’endroit, Facebook je poste rien juste je consomme, dans l’ensemble je poste peu et je consomme beaucoup, oui. + +En confrontant ces résultats au cadre théorique de Fanny Georges, nous pouvons conclure que l'identité agissante est une composante importante de l'identité numérique des individus et qu'elle est influencée par les normes et les pressions sociales en ligne, ainsi que par les centres d'intérêts et la personnalité de l'utilisateur.  + +L'identité calculée +L'identité calculée est la composante de l'identité numérique qui concerne les traces numériques laissées par les individus sur les réseaux sociaux et les autres plateformes en ligne. Cela peut inclure des informations telles que les pages que l'utilisateur a aimées, les publications qu'il a commentées ou partagées, les publicités auxquelles il a répondu et les données personnelles qu'il a partagées. Cette composante de l'identité numérique est souvent invisible pour la personne, car elle est générée automatiquement par les systèmes informatiques qui traitent les données laissées par la personne en ligne.  +Dans notre enquête, nous avons demandé aux participants de décrire leur niveau de conscience en ce qui concerne les données qu'ils partagent en ligne et leur niveau de préoccupation quant à la façon dont ces données sont utilisées par les entreprises ou les gouvernements. +Nos résultats ont montré que 68,6% des participants sont conscients que les entreprises collectent des données sur eux en ligne, mais seulement 36,3% se disent préoccupés par l'utilisation qui en est faite. En outre, 54,9% des participants ont déclaré qu'ils avaient déjà utilisé des outils pour contrôler leur visibilité en ligne, tels que la gestion des paramètres de confidentialité sur les réseaux sociaux. +Paul : Je souhaite être diplomate, je suis bien conscient que mon activité sur les réseaux sociaux sera analysée. Mais j’avoue que m’en fiche un peu. Je sais bien que mes données ont déjà sûrement fuité alors... (hausse les épaules). +Clara : Mon identité numérique peut affecter ma carrière quand je suis en maillot de bain sur les réseaux, et que si on recherche mon nom, ces photos reviennent. +Ces résultats montrent que l'identité calculée est une préoccupation importante pour de nombreux utilisateurs de réseaux sociaux, mais que leur niveau de préoccupation et leur niveau de contrôle peuvent varier considérablement. Cela peut être influencé par des facteurs tels que la confiance dans les entreprises et les gouvernements, ainsi que la compréhension des risques potentiels associés à la divulgation de données personnelles en ligne. +En fin de compte, la composante de l'identité calculée de l'identité numérique est importante pour les utilisateurs de réseaux sociaux, et elle peut avoir des répercussions sur leur vie privée et leur sécurité en ligne. En tant que tel, il est important que les utilisateurs soient conscients de leurs droits en matière de protection des données et qu'ils aient accès à des outils pour contrôler leur visibilité en ligne et protéger leur vie privée. +  +Dans quelle mesure l’identité numérique désormais construite peut-elle influencer l’habitus de l’individu ?  + +L'identité numérique peut exercer une influence importante sur l'habitus de l'individu, c'est-à-dire sur ses habitudes, ses comportements et ses attitudes. Cette influence peut se manifester à plusieurs niveaux que nous allons analyser ci-dessous. + +Besoin de validation sociale : influence sur les comportements en ligne +Le besoin de validation sociale est une composante majeure de l'influence de l'identité numérique sur l'habitus de l'individu. En effet, les réseaux sociaux sont des plateformes où les utilisateurs peuvent publier du contenu et interagir avec d'autres personnes en ligne. Le nombre de "j'aime", de commentaires et de partages qu'un contenu reçoit peut être considéré comme une mesure de la popularité de l'utilisateur. Ainsi, pour certains individus, obtenir une reconnaissance et une validation sociale sur les réseaux sociaux est devenu un élément essentiel de leur identité numérique. +Selon notre questionnaire, 64,7% des participants ont déclaré qu'ils cherchent à obtenir des "likes" ou des commentaires sur leurs publications, ce qui montre l'importance accordée à cette validation sociale. +Thomas : globalement moi c’est, bah, justement là pour le coup Tweeter, j’en ai rien à foutre heuu que les gens likent ou pas parce que je sais que de toute façon c’est fouttu, c’est mort d’avance (rire) parce que j’ai décidé que c’était un peu un… comment (cherche ses mots), un « brain dump », donc c’est vraiment un truc de toutes les pensées que je trouve un peu chelou, drôles ou marrantes, je les mets dessus et c’est agréable d’avoir un endroit où je, justement, où j’attends aucun retour, si des gens likent j’suis content, mais vraiment c’est pas du tout l’objectif. Parce que je sais qu’en général y’en aura pas. Insta pour le coup heuu, quand je fais une story ouais, j’attends, j’espère qu’il va y avoir des réactions ou globalement surtout les gens qui réagissent en DM quoi. Et euhh quand une story fonctionne bien j’suis très content, je l’archive, je la mets dans mes highlights (story à la une). Et globalement, ouais, c’est assez important, je prends assez fort en compte ça, sur Insta. +De plus, ce besoin de validation peut également influencer les comportements en ligne de l'individu, en le poussant à adopter des comportements conformes aux normes et aux valeurs de sa communauté virtuelle, même s'ils ne correspondent pas forcément à ses propres convictions. +Près de 35% des personnes interrogées ont parfois modifié leur comportement en ligne pour mieux correspondre à l'image qu'elles veulent projeter sur les réseaux sociaux. Cependant, il est également intéressant de noter que près de 37% des personnes interrogées n'ont jamais modifié leur comportement en ligne pour cette raison, ce qui souligne la diversité des comportements et des motivations en ligne. Ces résultats peuvent être confrontés aux théories de l'habitus et de la construction sociale de la réalité de Bourdieu, qui suggèrent que les individus ont tendance à se conformer aux normes sociales et culturelles dominantes pour être acceptés et valorisés par les autres membres de la société. +« Je veux qu’on me voit comme » : +Clara : Gentille, généreuse, bienveillante, incroyablement belle. +Paul : Mystérieux. +Thomas : Drôle. + +Enfin, nous avons observé lors de notre que les femmes semblent être plus enclines à chercher cette validation sociale en retouchant leurs photos avant de les publier. En effet, 12% des femmes retouchent souvent leur photo contrairement à 0% pour les hommes (cf graphique 6). Cette différence peut être interprétée comme une forme de violence symbolique, selon les concepts développés par Pierre Bourdieu, où les femmes sont constamment soumises à une pression sociale pour répondre aux normes de beauté et de perfection physique + +Clara : Pas souvent mais ça m’arrive de retoucher mes photos. {Qu’est-ce que tu modifies} : Mon corps + +Paul : Je retouche mes photos uniquement pour la régler les paramètres lumineux. Je ne retouche jamais mon visage ou mon corps. Pas de filtre non plus. + +Ces résultats soulignent l'importance du besoin de validation sociale dans la construction de l'identité numérique et de son influence sur l'habitus de l'individu. Les réactions et les commentaires en ligne peuvent avoir un impact sur la confiance en soi, l'estime de soi et la perception de soi-même et des autres. En ce sens, les réseaux sociaux peuvent être considérés comme un outil puissant de socialisation et de construction identitaire, qui peut avoir des conséquences significatives sur le comportement hors-ligne de l'utilisateur. + +Répercussions de l’identité numérique : influence sur les comportements hors-ligne + +Les résultats de notre étude empirique ont également montré que l'identité numérique peut avoir des répercussions sur les comportements hors-ligne des individus. En effet, plusieurs participants ont déclaré avoir changé leur apparence physique (style vestimentaire, coiffure, maquillage, etc.) ou leur comportement (langage, attitude, etc.) pour correspondre à l'image qu'ils projettent sur les réseaux sociaux.  + +Clara : Oui il y a des différences {entre mon identité virtuelle et réelle} car j’veux toujours montrer le plus beau côté d’moi sur les réseaux sociaux. Genre je vais être maquillée, j’vais faire en sorte d’être fine et des fois retoucher. + +Thomas : en gros je pense que ça {l’identité numérique} impact mon comportement dans le sens où, par exemple, je sais que je récupère des vannes, je récupère des manières de parler, je récupère un type d’humour internet que je réutilise après dans la vraie vie. Ou même simplement, sans forcément parler d’un type d’humour, mais je récupère des vannes tout simplement, des choses que je trouve drôles et qu’ensuite je médite d’une certaine manière et que j’essaye de ressortir mon oral au quotidien et tout, donc j’pense que ça a un impact, mais je sais pas à quel point ça a un impact sur la perception de moi pour le coup. Juste, de vois ce que font les autres, j’pense pas que ça change comment je me perçois, juste ça change comment je me comporte. Je dirais ça. + +Par ailleurs, l'identité numérique peut également avoir des répercussions sur les interactions sociales hors-ligne. Par exemple, certains participants ont mentionné avoir rencontré des personnes en personne après avoir établi des liens sur les réseaux sociaux. Dans ces situations, les participants ont parfois ressenti une pression pour correspondre à l'image qu'ils ont projetée en ligne, ce qui peut affecter leur comportement et leur manière d'interagir avec les autres. + +Thomas : Euhh, oui, c’est un peu fun, heuuu ça c’est un truc qui me mind-fuck, en gros ça a un impact, ça a un faible impact sur mes potes très proches parce qu’ils me connaissent surtout du vrai, pas trop des réseaux, et même de manière un peu étonnante, mes quelques meilleurs potes n’ont pas insta, qui est l’endroit pour moi où j’ai une identité numérique qui a une force effective parce que pas mal de gens que je connais me suivent dessus. Alors que Tweeter, c’est une autre identité mais qui est secondaire, personne ne regarde et c’est très bien, on s’en fout. Sur insta, mes potes très proches ça ne change pas, pour autant, ce qui est très étonnant c’est que je pense que ça a un impact énorme sur mes potes semi-proches. Tu vois genre mes potes de lycée, qui viennent et qui me disent « putain mec ta story là, elle m’a fait taper des barres », je réalise que pour eux, au moins 50% de ce que je suis c’est ça, c’est mes stories insta. Et c’est un peu étonnant, donc je pense que sur ce cercle là ça a un impact fort. Genre vraiment fort. Et c’est une dinguerie quoi, parce que tu vois des gens, tu te dis « putain… ça fait longtemps qu’on s’est pas parler…. euhhh on va se retrouver et se re-rencontrer longtemps après », et en fait ils te disent « nan en fait t’étais un peu proche, je sais qui t’es encore grâce aux réseaux ». Et de fait, je sais que ça marche aussi dans l’autre sens mais c’est juste que je le relève de manière un peu plus étonnante quand c’est dans l’autre sens. Parce que tu vois c’est des fois où t’as cette pote et tu te dis « ah putain ! elle a vu ce pan de ma vie », ne serait-ce que quand je raconte une anecdote elle doit se dire « putain ! c’est déjà ça de déjà rapproché ». C’est comme si y’avait une conversation qui avait été pré-faite, comme si le travail de re-rencontre avait été déjà amorcé en fait. Ça c’est étonnant, bref. + +Enfin, l'identité numérique construite sur les réseaux sociaux peut avoir des répercussions négatives sur la vie hors-ligne de l'individu. Dans notre étude empirique, nous avons demandé aux participants s'ils avaient déjà été victimes de cyberharcèlement. Nous avons constaté que 17% d'entre eux ont répondu positivement, ce qui souligne l'importance du phénomène. + +Paul : J’ai déjà eu des commentaires déplacés sur tiktok. Un de mes tiktok avaient bien fonctionné et j’ai eu beaucoup de commentaires. J’ai dû bloquer certains mots de l’espace commentaire. + +Ces résultats soulignent l'importance de prendre en compte les répercussions de l'identité numérique sur les comportements hors-ligne et la nécessité de sensibiliser les jeunes aux risques liés à l'utilisation des réseaux sociaux et donc l’utilité de bien gérer sa vie privée. + +Vie privée et gestion de données  + +L'identité numérique peut influencer la gestion de la vie privée et des données personnelles qui est une préoccupation majeure pour de nombreux utilisateurs de réseaux sociaux. Les utilisateurs doivent prendre des décisions sur les informations qu'ils souhaitent partager publiquement et celles qu'ils souhaitent garder privées. +14,7% des participants vont publier tout ce qu’ils font sans restriction alors que 37,8% vont limiter leurs publications à un petit groupe d’amis ou de contacts. Certains vont donc être prudent voire face à la question du public et du privé sur les réseaux. +De fait, on comprend que l'exposition de la vie privée sur les réseaux sociaux peut également avoir des conséquences négatives. Les individus peuvent devenir vulnérables à la surveillance, au vol d'identité, au harcèlement en ligne et à la discrimination. +Mais en contrepartie, les interviewés répondent à la question « Comment protégez-vous vos données personnelles sur les réseaux sociaux ? » : +Thomas : Je ne les protège pas du tout ! J’ai considéré que ça n’arriverait pas. +Clara : Je n’expose pas toute ma vie. Pour moi c’est ingérable car on peut se faire pirater donc j’évite de mettre des trucs qui peuvent fuiter. +Cette analyse montre que l'exposition de la vie privée sur les réseaux sociaux peut être une double épée tranchante. Les individus peuvent être attirés par les avantages de l'exposition de leur vie privée, mais cela peut également entraîner des risques et des conséquences négatives pour leur vie privée. -'''Spencer Anthony Hawk''' (born March 26, 1999), also known by their{{Efn|Hawk uses [[she/her]] and [[they/them]] pronouns. This article uses neutral pronouns for consistency.<ref>{{Cite web |url=https://www.instagram.com/gupimusic/?hl=en |title=@gupimusic}}</ref>}} stage name '''Gupi''' (stylized as '''gupi'''), is an American electronic musician. Gupi is the child of skateboarder [[Tony Hawk]].<ref>{{Cite web |title='Please Don't Listen to My Music,' Artists Tell Pewdiepie |url=https://www.vice.com/en/article/z3egq5/dont-listen-to-my-music-artists-tell-pewdiepie-gupi-pcmusic |access-date=May 5, 2021 |website=vice.com}}</ref> -== Biography == -As a child, Hawk's mother encouraged them to learn the guitar, which started their interest in music. In school, they played in a rock band with several of their friends. When they discovered artists like [[Skrillex]] and [[Deadmau5]], Hawk decided to pursue electronic music instead. They worked on electronic music throughout middle school and high school, and connected with other producers through [[SoundCloud]]. Hawk originally made music under the name W3N, but began releasing music as Gupi in 2016, when they were 17.<ref name="redbull" /> - -In 2018, Hawk released their second EP, ''All'', through the record label RORA Team.<ref name="edmtunes" /> [[Charli XCX]] heard their EP and asked them to do a session with her for her 2019 album, [[Charli (album)|''Charli'']]. The work that they did was not released on her album, but Hawk had the opportunity to meet and work alongside [[A. G. Cook]] and [[Dylan Brady]].<ref name="redbull" /> In February 2020, Hawk released their debut album, ''None'', through Dog Show Records, a record label owned by Brady.<ref name="underground" /> In October 2020, Hawk and ''Fraxiom'' released ''Food House'' under the Food House name, through the same label.<ref>{{Cite web|date=November 6, 2020|title=food house Turns the Snare Up One More Level|url=https://www.papermag.com/food-house-interview-2648553876.html?rebelltitem=21#rebelltitem21?rebelltitem=21|access-date=May 5, 2021|website=PAPER|language=en}}</ref> - -Though their father is supportive of their work, Hawk says that they "[try] to make a very large point of not at all involving [their] dad" so that their accomplishments are considered to be their own.<ref name="redbull" /> - -Hawk is currently pursuing a degree in electronic production at [[Berklee]].<ref name="redbull" /> - -== Artistry == - -Ben Mangelsdorf of Underground Underdogs describes Gupi's music as experimental pop and compares it to the music of [[Sophie (musician)|Sophie]] and [[Skrillex]].<ref name="underground" /> Kyle Whiting of [[34th Street Magazine]] calls Gupi's album ''None'' an "exhilarating thrillride of maximalist club tracks" that draw elements from genres like [[bubblegum bass]], [[House music|house]], and [[dubstep]].<ref name="street" /> Matt Moen of [[Paper (magazine)|Paper]] notes that the lead single from ''None'', "Thos Moser", includes lyrics with multiple "irreverent non-sequiturs and pop culture shout outs".<ref name="paper" /> - -Hawk states their musical influences as [[PC Music]], [[System of a Down]], [[Britney Spears]], and a picture of [[Sonic the Hedgehog (character)|Sonic the Hedgehog]]. They make all of their release artwork in the default Mac application [[Preview (macOS)|Preview]].<ref name="underground" /> - -== Discography == - -=== Albums === -*''None'' (Dog Show Records, 2020) -*''you're it'' (Self-released, 2022) -*''paper eater'' (2022) - -=== Collaboration albums === -*''food house'' (with Fraxiom as Food House) (Dog Show Records, 2020) - -=== EPs === -* ''Company'' (RORA Team, 2017) -* ''All'' (RORA Team, 2018) -* ''Bunny Hill Original Soundtrack'' (Self-released, 2021) - -=== Singles === -{|class="wikitable" -!align="center"<!-- width="1"-->|Year -!Title -!Album -|- -|align="center"<!-- rowspan="1"-->|2020 -|"Thos Moser" (with Fraxiom) -|''None'' -|- -|align="center"<!-- rowspan="1"-->|2020 -|"Ride" (with Fraxiom as Food House) -|''Food House'' -|- -|align="center"<!-- rowspan="1"-->|2020 -|"Mos Thoser" (with Fraxiom as Food House)<ref>{{Cite web|title=20 anthems for a new pride|url=https://www.thefader.com/2020/06/26/queer-anthems-playlist-2020-pride-month-lgbtq-songs|access-date=May 5, 2021|website=The FADER|language=en}}</ref> -|''Food House'' -|- -|align="center"<!-- rowspan="1"-->|2021 -|"Butterfly Knife" (with Fraxiom as Food House) -|Non-album single -|} - -==Notes== -{{Notelist}} - -== References == -{{Reflist|refs= -<ref name="paper">{{cite news|last1=Moen |first1=Matt |title=What the Hell Is 'Thos Moser'? |url=https://www.papermag.com/gupi-fraxiom-thos-moser-2645185521.html |work=Paper |accessdate=May 13, 2020}}</ref> -<ref name="underground">{{cite news|last1=Mangelsdorf |first1=Ben |title=Meet Gupi: The Shape of Pop to Come |url=https://undergroundunderdogs.com/2020/04/23/gupi-interview-thos-moser-none/ |work=Underground Underdogs |accessdate=May 13, 2020}}</ref> -<ref name="street">{{cite news|last1=Whiting |first1=Kyle |title=Gupi's 'None' Is an Exhilarating Ride Through Experimental Club Music |url=https://www.34st.com/article/2020/03/gupi-none-album-review-thos-moser-fraxiom-dog-show-records-100-gecs-pc-music-charlie-xcx-sophie-ag-cook/ |work=34th Street Magazine |accessdate=May 13, 2020}}</ref> -<ref name="edmtunes">{{cite news|last1=Qureshi |first1=Saad |title=Tony Hawk's Son is Producing Tracks Under The Name 'Gupi' |url=https://www.edmtunes.com/2017/10/tonk-hawks-son-producing-gupi/ |work=EDM Tunes |accessdate=May 13, 2020}}</ref> -<ref name="redbull">{{cite news|last1=Enis |first1=Eli |title=Meet Gupi: Sonic The Hedgehog fan, Skrillex disciple and son of Tony Hawk |url=https://www.redbull.com/int-en/spencer-hawk-gupi-interview |work=Red Bull Music |accessdate=May 19, 2020}}</ref> -}} - -== External links == -* [https://gupimusic.wixsite.com/gupi Gupi's website] -* [https://soundcloud.com/gupimusic Gupi's Soundcloud] -* [https://soundcloud.com/rorateam/sets/gupi-company-ep Gupi – ''Company'' EP on the RORA Team Soundcloud] - -[[Category:Living people]] -[[Category:American electronic musicians]] -[[Category:1999 births]] -[[Category:Hyperpop musicians]] +Conclusion : Synthèse et perspectives '